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1055Un éditorial assez court d’Aviation Week & Space Technology du 1er septembre 2008 (accès payant) nous donne la vision la plus claire et la plus succincte, – pensées réduite à l’essentiel, – de la perception de l’hebdomadaire de la crise géorgienne. Si l’on s’en tenait là, l’événement ne serait que mineur. Mais, en raison de la notoriété de AW&ST, des liens qu’il entretient avec le complexe militaro-industriel (CMI), des circonstances pressantes qui justifient ce texte autant que des arguments qu’il déploie et que la conclusion qu’il propose, on peut le prendre pour une fiche-programme, une “feuille de route” du CMI face à la crise géorgienne.
• La “narrative” de la crise est parfaitement conforme à la pensée des milieux bellicistes et néo-conservateurs américaniste, dont le CMI est le principal pourvoyeur de fond pour leurs activités d’influence. La description et l’interprétation de l’action russe sont conduites selon les consignes, sans originalité particulière mais avec professionnalisme:
«The cold reality is that Moscow’s blunt-force response to Georgia’s ill-advised move against Russian loyalists in South Ossetia and Abkhazia was the clearest signal yet that Russia apparently feels ready to reassert itself militarily, up to and including violating the territorial integrity of a sovereign, democratic country with ties to the West. In the same vein, let’s not forget the not-so-veiled threats Russia has made against Poland, which recently agreed to allow the U.S. to put a PAC-3 missile defense battery in that country.
»Georgia was no isolated event, but a direct challenge by a resurgent, stridently nationalistic Russia. By now every political leader and military planner throughout NATO should be reassessing how they view Russia—not just currently, but five years from now. This is no friend; it is a potential adversary, never to be underestimated.»
• L’avenir est clairement défini, on dirait qu’il est “écrit sur le mur” qui serait sans doute celui de Berlin, abattu mais toujours bien dressé, – même si un peu plus à l’Est tout de même, grâce à la vigilance de l’OTAN. La description de cet avenir s’appuie sur l’avertissement que la Russie reste plus que jamais (redevient) cette puissance prédatrice en mal d’empire, prête à fondre sur les “freedom-loving people”, que nous avons imprudemment laissée survivre, puis revivre pour redevenir cette menace qui empêcha pendant un demi-siècle l’Occident made in USA de faire son œuvre philanthropique de transformation du monde en “meilleur des mondes”.
«Next year will mark the 20th anniversary of the fall of the Berlin Wall. For much of that time, the U.S. and Europe in particular have pursued a policy of appeasement toward Russia—and look where we are. Its true nature was recently revealed: a country that continues to harbor visions of a larger empire and a readiness to intimidate and use brute military force against freedom-loving people.
»Russia isn’t the powerful foe it was during the Cold War. Nonetheless, the message could not be any clearer: continuous vigilance is a must, as is uncompromising support for countries like the Ukraine who need to be able to defend themselves. Finally, Russia’s military romp should leave no doubt about the need for weapons modernization. The next time someone questions the rationale for weapons systems that may have no equal currently such as, say, the F-22 or F-35—weapons designed as much to fight the next war as for today’s threats—point to the country just east of the Ukraine.»
Il s’agit de sortir l’essentiel de ce bla-bla si engageant. Il suffit de lier une phrase (« By now every political leader and military planner throughout NATO should be reassessing how they view Russia—not just currently, but five years from now.») à l’autre («The next time someone questions the rationale for weapons systems that may have no equal currently such as, say, the F-22 or F-35—weapons designed as much to fight the next war as for today’s threats—point to the country just east of the Ukraine»). Nous comprenons alors que la Russie est devenue le principal argument pour lancer un vaste plan de “réarmement” à long terme, – 5 ans pour commencer, cela irait bien, – permettant de verrouiller un certain nombre de programmes qui paraissaient si obsolètes selon leur référence faite à la Guerre froide (première du nom) et qui sont désormais à la pointe du dernier cri des nécessités selon leur référence à la “nouvelle Guerre froide”. Les $750 milliards annuels actuels pour le Pentagone devraient donc désormais être désignés comme une maigre pitance, simple référence de base pour le réarmement nécessaire à notre survie.
On retrouve dans cet éditorial la logique qu’on a déjà considérée (y compris à propos du F-22, mentionné dans le texte). Il est ainsi de plus en plus confirmé que la nouvelle administration, quelle qu’elle soit, sera soumise à une pression considérable pour lancer une nouvelle phase de dépenses militaires, selon la logique de la Guerre froide retrouvée.
Mis en ligne le 30 août 2008 à 16H53